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La passion dévorante chevillée au corps et à l’esprit, elle voue sa vie aux taureaux cocardiers, chevaux et à la course camarguaise dont elle défend haut et fort  les valeurs et les traditions.

La passion de la Bouvine a toujours animée la famille JANIN. Cet héritage familial va la destiner,  dès son plus jeune âge,  à devenir manadière et à  perpétuer  le rêve réalisé de son père Yves JANIN, disparu 6 ans plus tôt.
« Il m’a tout appris, tout transmis et tout s’est fait naturellement. C’était tracé dès mon  berceau ». 

« Etre une femme dans ce métier d’homme, n’est pas une difficulté ».
Elle avoue ne jamais avoir fait l’objet de discriminations ou de remarques particulières. Bien au contraire, elle a su en tant que femme apporter son empreinte.

Evoquant  Madame Fanfonne GUILLIERME, la Grande Dame de la Camargue,  qui dans les années 1950, a tracé la voie à toutes les  manadières.
 « C’est un modèle pour nous toutes. A l’époque c’était beaucoup plus difficile pour les femmes, elles étaient montrées du doigt, regardées… ! Aujourd’hui, il y a de nombreuses manadières et nous sommes acceptées et reconnues dans la profession. Nous sommes de la Race di Biòu ».

Anne a su s’imposer dans ce milieu d’hommes de par son charisme, son professionnalisme, sa persévérance et sa volonté de sans cesse s’améliorer. Le palmarès de la Manade JANIN avec ses  nombreux trophées ont aussi contribué à sa reconnaissance : Trophée de la Ligue, Trophée de l’Avenir, Trophée des As avec  le prix suprême du « Biòu d’Or » remporté par le taureau Sangar en 1991, dont le portrait trône fièrement en mairie de Saint-Geniès-des-Mourgues. Anne évoque aussi, avec beaucoup d’émotion,  des lignées de cocardiers exceptionnels tels que  Louxor, Spartacus ou encore Oural qui a couru jusqu’à l’âge de 17 ans.

« On a l’illusion et la croyance, puis des déceptions et des joie»
Anne se définit comme agricultrice, éleveuse et sélectionneuse de cocardiers, champions des arènes.  :
« Il y a un mystère et une beauté car nous travaillons sans recette avec notre âme d’éleveur pour sortir de bons produits. Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Voir naître des veaux et croire en eux pour qu’un jour le rêve se réalise et que votre cocardier se retrouve sous les applaudissements des spectateurs. C’est dans ses moments-là que votre vie prend tout son sens. On oublie le mauvais, pour partager ces instants de joie avec vos amis, et votre famille».

Elle avoue avoir eu très peur parfois, mais elle n’a jamais été blessée par ses taureaux pour lesquels elle voue une affection sans borne, de même que pour ses chevaux qu’elle monte avant même de savoir  marcher.

Le petit plus d’être une femme : « j’ai une vision futuriste et je cherche à créer de l’originalité ».
Anne a  décidé de sortir des sentiers battus en proposant à ses visiteurs un concept de spectacle inédit avec sa parade de dressage de Cabestres qui s’intitule «  Crinières et Minotaures aux couleurs du Sud ». Elle a à cœur d’innover avec la construction d’un « torodrome » pour l’entrainement de taureaux à la compétition. Défenseuse de la tradition camarguaise, Anne a aussi conscience que les manadiers participent pleinement à l’économie locale.
En 55 ans de vie, la manade JANIN a remporté tous les grands titres dont aspirent les éleveurs. Forte de cela, Anne a su rester humble, une des « qualités incontestables du métier ».
Anne regarde vers l’avenir et rêve de « sortir à nouveau un grand champion ». Avec cet engagement sans faille « si c’était à refaire, je recommencerais  sans réfléchir et exactement pareil »